- Armand Gatti à l’honneur pour un week-end de théâtre
L’Echo, le 28 avril 2017
- Le plateau de Millevaches mettra l’œuvre d’Armand Gatti à l’honneur ce week-end
La Montagne, le 3 mai 2017
Mohamed Melhaa et Jean-Marc Luneau appartiennent à un collectif des metteurs en scène d’Armand Gatti, au côté de Mathieu Aubert et d’Eric Salama. Leur objectif ? Réinventer des pièces que Gatti a écrites depuis plus de cinquante ans, soit sous forme d’ateliers, soit sous forme professionnelle, dans le cadre d’une compagnie théâtrale.
Les quatre metteurs en scène, Mohamed Melhaa, Eric Salama, Jean-Marc Luneau et Matthieu Aubert travaillent depuis 10 à 20 ans avec Armand Gatti, comme assistants à la mise en scène. Outre ce compagnonnage artistique commun, chacun d’eux – avec leur univers, leur démarche, leurs possibilités – réinvente les pièces de théâtres qu’Armand Gatti a écrit depuis plus de 50 ans sous forme d’ateliers (à l’université, à l’hôpital psychiatrique, dans les quartiers) ou de manière professionnelle avec leur compagnie ; dispersés dans l’espace francophone (Île-de-France, Languedoc-Roussillon, Alsace, Suisse). Ces pièces ont en grande partie été présentées à la Maison de l’arbre (le lieu d’Armand Gatti et de la Parole errante à Montreuil).
Sous l’impulsion de Stéphane Gatti, vidéaste et scénographe, le collectif est donc né à la Maison de l’arbre, lors de sa réouverture officielle en 2008. Une exposition de Stéphane Gatti faisait alors entrer en résonance les pièces de théâtre de Gatti de mai 68 (on en « fêtait » les 40 ans) et les journaux de cette époque (Action, Vive la révolution, Cahiers de mai, Tout !, Le torchon brûle, La cause du peuple, L’idiot international, et Rouge). Il avait donc été imaginé par Stéphane Gatti d’inviter ces quatre metteurs en scène à travailler les pièces de théâtre de Gatti de Mai 68 (les 4 mini-pièces du Petit manuel de guérilla urbaine et Interdit aux plus de trente ans), dans un décor spécialement conçu au coeur de l’exposition.
Dans la continuité des expériences théâtrales gattiennes et de l’ouverture du lieu La Maison de l’arbre, ce collectif s’est proposé de croiser, mais non d’unifier, ces créations, ces réactions, ces pensées, et d’animer ce qui serait à la fois, un lieu de pratiques, c’est-à-dire de permettre aux textes de théâtre de Gatti de « s’écrire » sur scène, en étant mis en scène, joué et entendu par un public dans le cadre de créations et d’ateliers.
Les membres du collectif imaginent ainsi travailler dans une dynamique d’ateliers participatifs ouverts à tous (habitants, étudiants, personne sans emploi) avec une possibilité de participation à l’international, sans exclure la participation d’autres artistes à ces projets (compositeur, chorégraphe, vidéaste, etc.). Ils imaginent aussi des moments de débat, de réflexion et de recherche sur la mise en scène et la dramaturgie dans le théâtre de Gatti, afin d’élargir le cercle de réflexions avec le public, les artistes et les chercheurs en théâtre ; ces moments prendront la forme de conférences, d’exposition, d’édition tels qu’ils les pratiquent déjà.
Mohamed Melhaa a travaillé et s’est formé avec André Benedetto, au Théâtre des Carmes, à Avignon, avec Peter Schumann, au Bread and Puppet Theatre, avec Dario Fo, au Theatro del Comune à Bologne, avec Kateb Yacine, au Théâtre de la Mer, à Alger et avec Armand Gatti à la Parole Errante, à Montreuil.
En 1979, il fonde la compagnie Théâtre de l’Ormont dont il sera l’animateur et le directeur. Il y réalisera onze mises en scène dont : Maïakovski, Mistero Buffo de Dario Fo, et L’Aventure d’après la BD de Milo Manara etc.
En 1990, il prend la direction du Théâtre de l’Algarade. Il y met en scène, notamment, La Conquête du Pôle Sud de Manfred Karge, Mathusalem de Yvan Goll, Grand-Vert, Histoire avec un Arbre d’ André Benedetto , Utopia ou Je ne savais pas qu’Ulrike était mon amie, Dans la Solitude des Champs de Coton de Bernard-Marie Koltès.
A Strasbourg, il s’investit dans un travail de tous les instants dans les quartiers.Il crée, avec Jean Hurstel, Repères, à Metz et à Nancy. Il crée également Grand’Peur et Misère du III° Reich de B. Brecht et Fragments Koltésiens. Il travaille sur l’ensemble de l’oeuvre de B.M. Koltès, avec des jeunes et la population des quartiers.
Comédien et metteur en scène à la compagnie Jolie Môme, il crée Le Tableau des Merveilles de Jacques Prévert.
A partir de 1994, il est l’assistant d’Armand Gatti :
– à Strasbourg pour Kepler le Langage nécessaire. Nous avons l’art afin de ne pas mourir de la vérité
– à Sarcelles pour L’Inconnu n°5. Feuilles de Brouillon pour retenir les Larmes des Cathédrales
– à Montreuil pour Rosa Collective
– à Neuvic pour Science et Résistance battant des Ailes pour donner aux Femmes de Tarnac un Destin d’Oiseau des Altitudes
– à Lyon (ENSATT), pour Résistance selon les Mots.
Il a mis en scène des pièces d’A. Gatti : La Journée d’une Infirmière, Les Hauts Plateaux, La Naissance, Rosa Collective, La Tribu Carcana. En Guerre contre Quoi ?, L’Opéra Probable, Le Cheval qui se Suicide par le Feu, L’Opéra Possible et La Moitié du Ciel et Nous.
II intervient en lycée dans les options théâtre à Nancy et à Toul. Il est chargé de cours à l’Université de Strasbourg, faculté des Arts et Spectacles. Il travaille sur Gatti, Benedetto, Dario Fo et Kateb Yacine.
En 1990, à Saint-Dié (Vosges), un groupe de chômeurs, passionnés de théâtre, demande à Mohamed Melhaa de les mettre en scène. C’est ainsi que se constitue historiquement, sous son impulsion, la Troupe de l’Algarade qui monte alors La Conquête du Pôle Sud de Manfred Karge.
Par la suite, la Troupe de l’Algarade présente de nombreux spectacles dont Rousseau, une pièce inspirée par l’oeuvre du philosophe, puis Grand Vert de Benedetto.
Pour le 40ème anniversaire de Mai 68, la troupe crée Utopia, inspiré de la correspondance d’Ulrike Meinhof et de textes de Guy Debord.
Aujourd’hui, l’Algarade, toujours dirigée par Mohamed Melhaa, rassemble des étudiants, anciens étudiants et professeurs en Arts et Spectacles de l’Université de Strasbourg. La troupe monte principalement le théâtre d’Armand Gatti, qui est au programme des premières et deuxièmes années de licence.
Le travail, entamé en cours, a continué à se développer hors de l’Université, parfois avec la collaboration, et souvent, sous l’oeil d’Armand Gatti. L’Algarade présente régulièrement son travail à Montreuil, à la Parole Errante, à Strasbourg et dans d’autres lieux.
L’association Grand Théâtre a été créée au début des années 2000 pour encadrer un festival de théâtre Saint Benoît du Sault- centre de création qui a eu lieu de 1999 à 2007 à Saint Benoît du Sault dans l’Indre.
Depuis, l’association continue de soutenir la création et la diffusion dans la région de Saint Benoît.
Elle a permis un travail de mémoire autour de l’usine de Casseroles SITRAM, coordonné par Stéphane Gatti, qui a abouti à une exposition, à la projection de plusieurs heures de vidéo et à un site que l’on peut consulter à l’adresse : https://marmites-et-casseroles.jimdo.com
Elle a dernièrement, outre Histoire de Marie, soutenu le travail de l’association Jean Cotxet autour du théâtre, en accueillant en résidence la troupe formée des jeunes et des encadrants de l’association pour leur création Oliver Twist, graine de crapule ?
Elle prépare un week-end en juillet à Saint Benoît, qui réunira une exposition sur le mouvement anarchiste espagnol et des films d’ Armand Gatti sur et autour de la guerre d’Espagne.
Jean Marc Luneau a suivi les cours de « l’atelier école Charles Dullin » à Paris dirigé par Monique Hermant et animés notamment par Robin Renucci et Yves Kerboul de 1981 â 1983.
Il a cofondé en 1984 sa première compagnie : Le théâtre Palissade.
De 1999 à 2007, il a dirigé un festival de théâtre en milieu rural qu’il a fondé et imaginé : « Saint Benoît du Sault – centre de création ».
Depuis plus de 15 ans, il travaille au côté d’Armand Gatti dont II a mis en scène de nombreux textes.
Il a cofondé également une compagnie, « Le Grand Théâtre », pour laquelle il a mis en scène de nombreux spectacles : des spectacles tout public, des spectacles pour enfants, des spectacles de «cabaret ».
L’association Jean Cotxet, qui reçoit des enfants et des jeunes en difficulté a fait appel à lui pour diriger une troupe de théâtre en interne avec laquelle il a mis en scène une adaptation d’Oliver Twist.
Jean-Marc Luneau est à la recherche d’un théâtre populaire, politique, émancipateur pour ceux qui le pratiquent et ceux qui le reçoivent.
Hélène Huret a débuté son travail de comédienne à Limoges par un atelier d’improvisation basé sur le travail du clown et la Comedia dell’Arte animé par Michel Bruzat.
A Paris, elle suit les cours de « l’atelier école Charles Dullin ». Durant cette période, elle participe à la création du théâtre Palissade. Avec cette compagnie, elle montera plusieurs créations théâtrales dont L’Autre Don Juan d’Eduardo Manet, et H’Block poésie jouées pendant plus de deux ans à Paris, ainsi qu’en banlieue et en province.
Elle participe à la création d’un spectacle autour des Misérables de Victor Hugo pour le bicentenaire de sa mort. Celui-ci a été joué à Viroflay, Vélizy et Versailles.
Puis elle s’installe à Montpellier où elle a suivi divers stages et a participé à l’écriture et la création de plusieurs spectacles avec le Roy Art Théâtre dans lesquels elle joue. Plus tard elle a participé à un spectacle autour de la Marquise de Ganges, joué pendant plus d’un an dans les environs de Montpellier.
Dans le même temps, elle a animé des ateliers de théâtre pour les enfants, et a créé des spectacles avec eux à St Jean de Vedas.
Hélène Huret vit aujourd’hui à Marseille.
Monter « Histoire de Marie » de Brassaï fait partie de ses projets de théâtre. Spectacle qu’elle reprend avec Jean Marc Luneau à la mise en scène.
En 1932, Brassaï publie un ouvrage photographique Paris de nuit qui le rend immédiatement célèbre et fait même de lui un maître à imiter. Mais Brassaï ne sera pas que photographe, il sera aussi écrivain.
Ecrivain prolixe et éclectique. Il écrira sur Picasso, Miller et Proust entre autres. Ses Conversations avec Picasso sont un best-seller. Cependant, ce sont certainement de courts textes narratifs dont il dit que « cette littérature n’a encore ni nom ni état civil » qui marqueront le plus l’histoire littéraire. Le plus abouti de ses textes est sans aucun doute « Histoire de Marie ».
Brassaï fait lui-même le rapprochement entre ses photographies et ses textes dans la préface d’un ouvrage « Paroles en l’air » publié en 1977 dans lequel on retrouve Histoire de Marie.
« J’ai écrit les textes de Paroles en l’air dans l’esprit de mes photographies, l’oeil ayant cédé la place à l’oreille. II ne s’agissait plus de camper des images, mais des personnages dans leurs propres éclairages… »
A propos de Marie, plus précisément, il écrit : « Les êtres comme Marie, analphabètes – spécimens heureusement de plus en plus rares -, ne pensent pas d’après ce qu’ils ont appris dans les livres et les journaux, comme Monsieur Tout le Monde, mais d’après les idées originales qui naissent dans leur tête. Ils voient et jugent toutes choses avec la fraîcheur et l’intensité du primitif ou de l’enfant.
Privés de lumière, disait d’eux Proust, ils sont pourtant « plus naturellement apparentés aux natures d’élites que ne le sont la plupart des gens instruits ».
Enfin, il conclut par « L’artiste ne doit pas être le juge de ses personnages ni de ce qu’ils disent, mais être seulement un témoin impartial. Mon rôle n’est que d’avoir du talent, autrement dit de savoir distinguer ce qui est important de ce qui ne l’est pas, de savoir éclairer mes personnages et de les faire parler ».
Dans ces lignes, c’est bien l’esprit de la photographie qu’exprime Tchékhov, et si entièrement que je les signerais volontiers comme ma propre « profession de foi ».
Brassaï est né le 9 septembre 1899 à Brassó en Transylvanie d’un père hongrois et d’une mère arménienne. Quand il a trois ans, sa famille s’installe à Paris où son père enseigne la littérature à la Sorbonne pendant une année.
Etudiant, il suivra les cours de peinture et de sculpture à l’école des beaux-arts de Budapest.
En 1920, il rejoint Berlin où il travaille comme journaliste, tout en s’inscrivant aux cours de l’académie des beaux-arts de Berlin-Charlottenburg.
Quatre ans plus tard, il s’installe définitivement à Paris. Il apprend le français en lisant les oeuvres de Marcel Proust et se fait, désormais, appeler « Brassaï », qui signifie « de Brassó », sa ville de naissance.
Brassaï se lie aux écrivains et artistes en vogue tels Henry Miller, Léon-Paul Fargue, Jacques Prévert et Picasso. Il exerce toujours le métier de journaliste. Vers 1930, essentiellement pour documenter ses articles, il s’intéresse à la photographie. Ce média encore à découvrir va le fasciner.
En 1932, il publie son premier recueil de photographies, Paris de nuit, qui va le rendre célèbre. Son style personnel, le travail des ombres et de la lumière, ses sujets populaires feront de lui un maître à imiter, il va aussi photographier nombre de ses contemporains, tels Salvador Dalí, Pablo Picasso, Henri Matisse, Alberto Giacometti et certains des écrivains majeurs de l’époque : Jean Genet, Henri Michaux.
Il signera également une série de photographies de mode, pour Harper’s Bazaar entre autres.
Il sera un des premiers à estimer les graffiti qu’ii considérait comme l’expression de l’inconscient de la ville et une forme d’art de la part des anonymes. Brassaï va les photographier sur une longue période.
Le lien avec la transcription de paroles anonymes ou de gens de peu est manifeste chez l’artiste.
S’intéressant à l’écriture à travers Goethe et Proust, il s’essaiera au récit construit à partir de ce qu’il entend dans la rue. Il dira que son oeil a fait place à son oreille. Effectivement ses textes sont des sortes d’instantanés dont la juxtaposition fait une histoire. Dans cette série, il y a bien entendu, Histoire de Marie, mais aussi Le Bistrot-tabac, Le Chauffeur de Taxi et Soliloque à la fermeture. Il écrira aussi sur Miller, Proust, et Picasso.
Brassaï sera aussi cinéaste. En 1956, son film Tant qu’il y aura des bêtes gagne un prix à Cannes.
Le photographe, écrivain, cinéaste meurt en 1984, à Eze dans les Alpes-Maritimes. Il est enterré au Cimetière du Montparnasse à Paris.
Au moment où ta pierre est en passe d’être posée au trou de la Berbeyrolle,
tu passes la plume à gauche.
La plume, plus incisive qu’une baïonette : « Des armes » que nous avons chantées avec toi, sont les livres que tu as pris sous ton bras, sous ces arbres, dans la forêt de Tarnac.
Ta résistance, c’est le verbe. Majuscule, il est tombé dans l’trou.
Le jour où je t’ai conduit au travers du plateau pour nous rendre à la prison d’Uzerche, à la vue de tous ces troncs sonnés parmi la sève résistante, tu n’as cessé de crier
Il résonne encore, mais il n’est pas le seul.
Il fait partie des mille cris de la Parole Errante aux Millevaches. Des idéogrammes de la Tour de Babel Maquisarde.
Des oiseaux rouges au Poisson Noir.
Et le mien.
– les musiciens, vous voyez bien : à l’opéra ils sont dans la fosse ! il n’y a pas de fosse, il n’y aura pas de musiciens !
– OK, s’il n’y a pas de groupe des musiciens, je reste quand même dans le groupe des musiciens.
A nous les musiciens, tu nous as écrit notre putsch, en langage ktchouktche, tu nous as fait prendre la scène.
Tu m’as poussée à écrire mon propre putsch,
coucheur de mots, accoucheur de mon premier cri.
Je pense vraiment ne pas être la seule.
Dante, je ne t’en veux pas pour toutes le corna que tu me faisais, quand je te rappelais mes origines du pied d’la botte, à toi aux origines pied-montaises.
Mais c’est d’un autre trou que celui du maquis, que tu nous feras ton pied-de-nez, début mai.
Et cette belle semaine que nous préparons en comptant sur ta présence, nous continuons à la préparer, en comptant sur ta présence. Même si la sève fait grève sur le plateau.
Qu’on se le dise : en mai, au programme – à venir – Dieu va retomber dans le trou de la Berbeyrolle.
Anne