Au moment où ta pierre est en passe d’être posée au trou de la Berbeyrolle,
tu passes la plume à gauche.
La plume, plus incisive qu’une baïonette : « Des armes » que nous avons chantées avec toi, sont les livres que tu as pris sous ton bras, sous ces arbres, dans la forêt de Tarnac.
Ta résistance, c’est le verbe. Majuscule, il est tombé dans l’trou.
Le jour où je t’ai conduit au travers du plateau pour nous rendre à la prison d’Uzerche, à la vue de tous ces troncs sonnés parmi la sève résistante, tu n’as cessé de crier
« C’EST MES MOOOOOOOORTS ! »
Il résonne encore, mais il n’est pas le seul.
Il fait partie des mille cris de la Parole Errante aux Millevaches. Des idéogrammes de la Tour de Babel Maquisarde.
Des oiseaux rouges au Poisson Noir.
Et le mien.
« La musique c’est d’la merde »
– les musiciens, vous voyez bien : à l’opéra ils sont dans la fosse ! il n’y a pas de fosse, il n’y aura pas de musiciens !
– OK, s’il n’y a pas de groupe des musiciens, je reste quand même dans le groupe des musiciens.
A nous les musiciens, tu nous as écrit notre putsch, en langage ktchouktche, tu nous as fait prendre la scène.
Tu m’as poussée à écrire mon propre putsch,
coucheur de mots, accoucheur de mon premier cri.
Je pense vraiment ne pas être la seule.
Dante, je ne t’en veux pas pour toutes le corna que tu me faisais, quand je te rappelais mes origines du pied d’la botte, à toi aux origines pied-montaises.
Mais c’est d’un autre trou que celui du maquis, que tu nous feras ton pied-de-nez, début mai.
Et cette belle semaine que nous préparons en comptant sur ta présence, nous continuons à la préparer, en comptant sur ta présence. Même si la sève fait grève sur le plateau.
Qu’on se le dise : en mai, au programme – à venir – Dieu va retomber dans le trou de la Berbeyrolle.
Anne